Le Canada donnera une réponse « ferme et claire » aux dernières barrières commerciales prévues par le président américain Donald Trump, a déclaré le premier ministre Justin Trudeau.

Trump a annoncé qu’il imposerait une taxe de 25 % sur tous les produits en acier et en aluminium entrant aux États-Unis à partir du 12 mars, ce qui signifie que les deux parties ont un mois pour négocier. Le Canada est le premier exportateur de ces deux métaux vers les États-Unis.

Depuis son retour au pouvoir le mois dernier, M. Trump a annoncé une large gamme de droits de douane pour tenter de protéger les emplois et les industries américaines. Selon les économistes, ces mesures devraient entraîner une hausse des prix pour les Américains ordinaires.

Les nouveaux tarifs sont « totalement injustifiés », a déclaré Trudeau, alors que le Canada se retrouve dans une deuxième impasse commerciale avec Washington en quelques semaines.

Le Canada est « l’allié le plus proche des États-Unis », a-t-il ajouté.

Plusieurs pays exportateurs de métaux s’efforcent de parvenir à un accord en réponse aux droits de douane sur l’acier et l’aluminium promis par Trump.

Les États-Unis importent chaque année six millions de tonnes de produits d’acier canadiens et plus de trois millions de tonnes de produits d’aluminium, soit plus que de tout autre pays.

Les exportations canadiennes de métaux rendent l’Amérique du Nord dans son ensemble « plus compétitive et plus sûre », a affirmé lundi le ministre canadien de l’Industrie, François-Philippe Champagne.

Les dirigeants provinciaux canadiens ont eux aussi condamné le plan de Trump. François Legault, du Québec, a déclaré que sa province à elle seule envoyait des millions de tonnes d’aluminium aux États-Unis par an. Il s’est demandé si Trump préférerait s’approvisionner en métal auprès de son rival, la Chine.

Le chef de l’opposition officielle fédérale, Pierre Poilievre, a déclaré qu’il imposerait des tarifs équivalents ciblant les États-Unis s’il était élu premier ministre du Canada.

Le chef de l’Association canadienne des producteurs d’acier a prévenu qu’une série de secteurs pourraient être touchés, affirmant que des mesures similaires prises par Trump au cours de son premier mandat avaient porté préjudice à l’industrie des deux pays.

« Nous avons de l’acier dont ils ont besoin et ils ont de l’acier dont nous avons besoin… nous avons besoin les uns des autres », a déclaré Catherine Cobden à CBC.

Les droits de douane sont des taxes prélevées sur les biens importés d’autres pays. Les entreprises qui importent des biens de l’étranger paient ces droits de douane au gouvernement américain.

Les économistes préviennent qu’ils sont susceptibles d’augmenter les prix pour les consommateurs américains, par exemple si les vendeurs choisissent d’augmenter leurs prix après avoir payé des droits de douane plus élevés sur les marchandises importées.

Les entreprises américaines dépendantes des importations ont également exprimé leur inquiétude, mais M. Trump affirme que ses plans stimuleront la production nationale. Lundi, il a déclaré que son plan était « une grande affaire, le début d’un retour à la richesse pour l’Amérique ».

Les impôts eux-mêmes – que Trump a déjà utilisés lors de son premier mandat à la Maison Blanche – sont essentiels à la vision économique du président réélu. Il cherche également à remédier au déficit commercial, qui signifie que les États-Unis importent plus qu’ils n’exportent.

Les alliés de Trump affirment également qu’il considère ces mesures comme un outil de négociation essentiel lorsqu’il souhaite qu’un autre pays fasse quelque chose pour lui.

Depuis son retour à la Maison Blanche le mois dernier, Trump s’est déjà retrouvé dans une situation difficile sur le plan commercial avec le Canada et l’autre voisin des États-Unis, le Mexique.

Mais le 4 février, il a accepté de reporter de 30 jours sa menace d’imposer des droits de douane de 25% sur toutes les marchandises en provenance des deux pays. Ce report intervient après que ses deux voisins se sont engagés à prendre des mesures pour lutter contre l’immigration illégale et le trafic de drogue vers les États-Unis.

Les deux pays ont retardé simultanément leurs propres mesures de rétorsion.

Le Canada et le Mexique figurent parmi les principaux partenaires commerciaux de Trump, aux côtés de la Chine, que Trump a ciblée en imposant des droits de douane de 10 % sur toutes les marchandises entrant aux États-Unis. Cette taxe est déjà entrée en vigueur et la Chine a riposté en prenant des mesures contre les marchandises américaines.

En plus de son autre plan retardé visant à cibler le Canada et le Mexique avec des tarifs douaniers spécifiques, Trump a également laissé entendre qu’il pourrait prélever des taxes sur les biens importés de l’Union européenne « très bientôt ».

Interrogé ces derniers jours sur la menace de représailles de ses partenaires commerciaux, Trump a déclaré : « Cela ne me dérange pas. »

Source: https://www.bbc.com/news/articles/ckgxeg9g85no